Rentrée scolaire à La Réunion : une mascarade orchestrée par l’État ?
En Métropole, l’inquiétude monte. Il n’est pas un jour où l’on ne voit notre gouvernance être interpelée par les syndicats, les parents, les médecins et scientifiques au sujet de la rentrée scolaire à venir le 1er septembre au vu d’une éventuelle deuxième vague… Le Ministre de l’Éducation nationale a décidé de revoir le protocole sanitaire allégé au vu de la situation actuelle.
À La Réunion, département d’outre-mer depuis 1946, la question ne semblait pas se poser. Sur fond de recrudescence de cas, d’apparition de clusters, d’une augmentation inquiétante des cas autochtones, la prérentrée a eu lieu le 14 août et la rentrée des élèves le 17 août hormis dans quelques écoles, avec un protocole sanitaire rédigé en juillet, calibré pour la métropole, dans un contexte où la circulation du virus était faible.
Les enseignants, les personnels et les élèves ont dû rejoindre leurs établissements la peur au ventre et le « masque de fortune » vissé sur le visage (les masques de protection pour les personnels fragiles sont prévus « prochainement »), sur fond de crise sanitaire allant en s’aggravant : on n’en est pas ici à craindre une deuxième vague mais bel et bien en train d’affronter la première. Fi de la distanciation sociale pourtant. Les établissements scolarisant plusieurs centaines d’élèves dans des locaux exigus sont nombreux, les classes à plus de 28 élèves (jusqu’à 35 voire plus en lycées), sont légion dans notre académie.
Qu’en est-il des gestes barrières à la cantine ou dans les internats ? Le protocole sanitaire ne prévoit rien.
Concernant les enseignements nécessitant l’utilisation de matériel (salles informatiques, laboratoires, …) le protocole est paru 4 jours après la rentrée des élèves.
Nous l’aurons compris si on ne le savait pas encore, La Réunion est un laboratoire d’analyse in vivo pour la rentrée scolaire en Métropole. Madame la Rectrice n’a-t-elle pas déclaré que les choses se verraient au cas par cas ? Les cas se multiplient école après école, collège après collège, lycée après lycée mais la situation est gérée différemment à chaque fois …
Tous les établissements secondaires restent ouverts car ils disposent, parfois, ce n’est plus obligatoire dans le protocole, d’un peu de solution hydroalcoolique et de masques d’appoint …
Pendant ce temps, on ferme les écoles dans les quartiers exposés. Tout cela manque de cohérence.
Contrairement à ce qu’annonce le ministre, les établissements ne sont pas plus prêts aujourd’hui à assurer la continuité pédagogique qu’ils ne l’étaient en février, faute d’une volonté ministérielle :
- Les suppressions de postes sont confirmées, avec pour conséquence des classes surchargées.
- Les réformes continuent à être appliquées, et notamment celle du lycée, avec pour conséquence la multiplication des groupes et un brassage permanent des élèves, à chaque heure de cours. Dans ces conditions, et contrairement aux annonces, il est impossible que les élèves restent dans leur salle et que les professeurs se déplacent.
- La gestion des « cas contacts » conduit à avoir des élèves présents pendant que d’autres sont en quatorzaine : les enseignants sont-ils censés assurer des cours à distance pendant qu’ils sont en classe ?
- Les problèmes liés à l’enseignement à distance sont résolus par les équipes avec les « moyens du bord ».
Quand une voix s’élève et ose un mot, une remarque, on nous rétorque qu’il faut « agir en fonctionnaire de l’État »… On oublie « de manière éthique et responsable », et c’est bien dommage.
Le SNFOLC, réclame :
- Des moyens pour faire baisser les effectifs par classe, afin d’apporter tout le soutien nécessaire aux élèves : rétablissement des postes supprimés, abandon des réformes …
- Du matériel et du temps pour pourvoir assurer la continuité pédagogique
- Des consignes claires, cohérentes et transparentes concernant la gestion des cas de COVID 19, adaptées aux réalités locales, afin d’assurer la sécurité des élèves et des personnels.